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Présidence du PDCI-RDA : le député Jean Michel Amankou choisit Akossi Bendjo

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Jean Michel Amankou est le député d’Agnibilekro Sous-préfecture et délégué départemental d’Agnibilékrou 2. Il s’est prêté, dans cette interview, à plusieurs questions relatives aux dernières élections municipales, régionales et sénatoriales, à l’organisation du congrès du Pdci-Rda, à la succession du président Henri Konan Bédié, au prochain candidat du Pdci-Rda à la présidentielle de 2025…

Monsieur le député, pour les élections locales, votre parti, le PDCI-RDA a obtenu 22 victoires aux municipales, 3 aux régionales ; pour les sénatoriales, il s’en sort avec seulement 6 sièges de sénateurs. Pour un parti septuagénaire, la moisson est bien maigre, n’est-ce pas ?

On pourrait qualifier la moisson de maigre si on occulte le contexte dans lequel le PDCI-RDA est allé à ces élections, d’abord, locales, puis, sénatoriales. Le PDCI a perdu une personnalité, et non des moindres, à quelques semaines de ces élections. Il s’agit de son leader, le président Henri Konan Bédié, président du PDCI-RDA.

Cette disparition a été suivie de celle du Général Ouassenan Koné, coordonnateur des vice-présidents du parti, l’un des piliers du PDCI-RDA. On a même perdu des candidats en chemin, je pense notamment à notre frère Stéphane Bra Kanon, qui était la tête de liste du PDCI-RDA aux municipales à Daloa.

Toutes ces disparitions nous ont fortement affectés. On aurait pu s’attendre à une débâcle totale de la part du PDCI-RDA. Mais non ! Nous avons su trouver la force et l’énergie nécessaires pour mener ces batailles électorales. Donc, je choisis de voir le verre à moitié plein. Je retiens que nous avons, au PDCI-RDA, une forte capacité de résilience.

Vous remarquerez que dans certaines localités, nous avons perdu avec une différence de voix négligeable. Je ne parle même pas des irrégularités pour lesquelles, dans certaines circonscriptions, des recours ont été faits auprès du Conseil d’Etat. Je ne parle pas non plus de ce que la Commission électorale indépendante (CEI) ne nous a pas toujours facilité la tâche, à travers des problèmes techniques.

En résumé, je ne suis pas déçu de ces résultats. Je n’ai aucun doute que le PDCI-RDA saura tirer les leçons de ces différents scrutins et s’organiser pour les prochaines échéances, principalement, la présidentielle de 2025.

A titre personnel, vous étiez en lice, avec le PDCI-RDA, au niveau des régionales dans l’Indénié-Djuablin. Votre liste a perdu au profit du RHDP. Comment expliquez-vous cette défaite ?

Je voudrais, d’abord, féliciter la personnalité qui conduisait la liste PDCI-RDA, dans l’Indénié-Djuablin, à savoir le candidat Adou N’gouan Bernard. En ce qui me concerne, il m’est revenu de gérer la campagne à Agnibilékrou, au niveau départemental. Ce qu’il faut retenir, c’est que nous avons été confrontés à de nombreux obstacles dans l’organisation pratique du scrutin. Par exemple, les machines ne fonctionnaient pas. Il a fallu un consentement pour le vote manuel.

Comme par enchantement, ces obstacles se posaient dans les zones qui nous étaient favorables. Je n’oublie pas la question de la transhumance. Nous avons relevé un certain nombre d’éléments que nous considérons comme des irrégularités et nous avons introduit un recours auprès du Conseil d’Etat.

Nous sommes dans l’attente du verdict de cette institution avec la ferme conviction que les élections dans l’Indénié-Djuablin doivent être reprises afin de donner la possibilité à nos concitoyens d’opérer leurs choix, en toute équité et en toute transparence.

Le PDCI a perdu des batailles importantes dans le Grand Centre : dans le Gbêkê et le N’Zi… On voit que le RHDP a bien avancé dans plusieurs de vos bastions. Cette situation ne nourrit-elle pas, chez vous, des craintes, dans la perspective de la présidentielle de 2025 ?

Dans de nombreuses circonscriptions, les candidats du PDCI-RDA ont estimé qu’il y a eu des irrégularités et ont fait des réclamations. Nous attendons que le Conseil d’Etat se prononce avant d’envisager des analyses définitives sur ces cas. Cela ne nous empêche pas de relever qu’une certaine stratégie a été mise en place par le parti au pouvoir, d’immenses moyens ont été dégagés.

Mais, en face, le PDCI avait, lui aussi, sa stratégie. Des craintes pour 2025 ? Non ! Nous, PDCI, demeurons sereins. Sans entrer dans le fond de nos analyses, lorsque nous regardons le nombre d’électeurs, au niveau national, je puis vous assurer que le PDCI-RDA aura son mot à dire en 2025. Ce qui est urgent, c’est d’organiser le parti, lui donner du sang nouveau, pour aborder, avec sérénité, les batailles à venir.

L’alliance avec le PPA-CI, si elle avait été totale, aurait peut-être permis de remporter davantage de victoires. A Yopougon, par exemple, la liste RHDP, conduite par Adama Bictogo, a battu vos deux partis réunis, le PDCI et le PPA-CI. Que dites-vous ?

Personnellement, le cas de Yopougon, avec la victoire du président Adama Bictogo, ne m’étonne pas. Connaissant l’homme, il est un vrai stratège. J’ai le sentiment qu’il s’est donné tous les moyens de maintenir la candidature de Michel Gbagbo et Dia Houphouët. Il a sa stratégie qui a joué en sa faveur puisque la division entre le PDCI et le PPA-CI était nette.

Nous ne nous sommes pas entendus pour conjuguer nos efforts. Et c’est tout naturellement que le candidat du RHDP a remporté le scrutin. Je ne suis pas du tout étonné de sa victoire. Cette victoire s’inscrit dans la droite ligne de celle que le président Bictogo a obtenue lorsqu’il était question de l’élection du président de l’Assemblée nationale.

Tous les partis, y compris ceux de l’opposition- s’étaient alignés sur la candidature du président Bictogo. L’on se souviendra que je m’étais opposé à l’accompagnement des députés de l’opposition au profit du candidat du RHDP. Aujourd’hui, la stratégie du président Bictogo a payé.

Parlons du 13e Congrès ordinaire du PDCI prévu les 19, 20 et 21 octobre 2023. Avec les évènements que le parti a vécus, particulièrement le décès du président Henri Konan Bédié, pensez-vous que le congrès devrait être repoussé ?

Nous avons perdu notre chef. Aussitôt, un président intérimaire a commencé à travailler conformément aux textes. L’intérim est censé tenir en six (6) mois. Cela veut dire que si le délai de 6 mois arrivait, nous serions dans une situation d’irrégularité. Je pense humblement que nous devrions allier légalité et respect des us et coutumes en Afrique.

Etant en deuil, il ne me paraîtrait pas indiqué d’aller à un Congrès ordinaire, somme toute, plus coûteux, avec de nombreux sujets à l’ordre du jour. L’idéal, pour moi, serait d’organiser un Congrès extraordinaire le plus rapidement possible, avec un seul point à l’ordre du jour, à savoir : l’élection du nouveau président du parti.

Tous autour de ce président frappé du sceau de la légalité, nous rendrons un ultime hommage mérité au président Henri Konan Bédié. Puisque nos textes disposent que le président définit l’orientation politique du parti, le nouveau président élu pourra définir la meilleure architecture possible susceptible de porter le PDCI-RDA vers de nouvelles victoires.

Qui voyez-vous comme potentiel successeur à Henri Konan Bédié ?

Il faut une personnalité expérimentée, avec une capacité de résilience, et qui connait bien le parti. Il y a des personnalités qui, à mon humble avis, sont à même de diriger avec beaucoup d’efficacité le PDCI-RDA. Personnellement, mon choix se porte sur le président Noël Akossi Bendjo.

Pourquoi précisément Noël Akossi Bendjo ?

J’ai porté mon choix sur Bendjo pour la simple raison qu’il a nourri depuis longtemps l’ambition d’apporter des réformes au PDCI-RDA. Il faut lui offrir l’opportunité de donner une certaine dimension au parti, l’aider à mieux se structurer.

On a besoin de donner un signal fort aux militants. N’oublions pas que le Président Bendjo est issu d’un peuple installé à Abidjan, dans le Sud, qui a donné pas moins de quatre (04) communes au PDCI-RDA. Vous savez que le District autonome d’Abidjan compte pour beaucoup dans l’électorat. Je pense que Bendjo a le profil, la capacité d’être un bon président. On pourrait me rétorquer qu’il est sous le coup d’une condamnation à 20 ans de prison. Mais je pense que cela ne se justifierait aucunement qu’il soit écarté d’autant plus que c’est parce qu’il s’est battu pour le maintien du PDCI-RDA qu’il a vécu cette situation.

Ce n’est pas à nous PDCI-RDA de contribuer à sa mise à l’écart. Le secrétaire exécutif Maurice Kakou Guikahué, par exemple, est sous contrôle judiciaire à cause du PDCI-RDA. Nous ne nous ferons pas nous-mêmes harakiri en excluant des leaders de cette trempe.

Par ailleurs, mon souhait est que le futur président du parti ne soit pas candidat à la Convention de désignation du candidat du PDCI à la présidentielle. Pour la Convention, je préconise qu’on laisse de jeunes loups aller à la compétition.

Quand vous dites « jeunes loups », vous pensez à qui ? Jean-Louis Billon, Thierry Tanoh, Tidjane Thiam… ?

 Je pense à Tidjane Thiam, à Thierry Tanoh, à Jean-Louis Billon. Ces personnalités que vous citez peuvent être de très bons candidats pour le PDCI-RDA. Avec bien sûr, à leurs côtés, des personnalités qui ont l’expérience de la gestion quotidienne du parti comme Maurice Kakou Guikahué, Akossi Bendjo, Allah Kouadio Rémi.

Mais parmi ces trois présidentiables, est-ce qu’il y a un qui se dégage ?

Tous les trois ont leurs qualités et leurs forces. Tous ont démontré leur attachement au PDCI-RDA. Il nous appartiendra d’aller, en rangs serrés, derrière celui qui sera retenu, avec la présence et l’expérience de nos aînés. Dans ces conditions, je n’ai aucun doute que le PDCI-RDA remportera la présidentielle de 2025.

Qu’en est-il de l’alliance ? Etes-vous pour la consolidation de l’alliance avec le PPA-CI ou pour une alliance avec le RHDP ?

J’ai toujours soutenu que le meilleur allié du PDCI-RDA est le PDCI-RDA lui-même. Cela dit, la consolidation de l’alliance avec le PPA-CI m’inquiète quand j’écoute les propos du Président Laurent Gbagbo, qui affirme que son rôle n’est pas d’organiser l’opposition ivoirienne.

Ses propos laissent sous-entendre que l’alliance ne l’intéresse nullement. Ma position est que nous sommes des houphouëtistes. Nous étions tous au RHDP, en tant que plateforme, avant que le PDCI-RDA n’en sorte pour refus du parti unifié. Parce que parti unifié était synonyme de disparition du PDCI-RDA.

Je ne suis pas fermé à une alliance avec le RHDP. Une alliance avec le RHDP est possible à la condition qu’il s’agisse d’une plateforme des républicains, des démocrates.

Le candidat de cette plateforme serait alors le candidat désigné par le PDCI-RDA. A mon humble avis, le Président Alassane Ouattara ne devrait pas se porter candidat dans la mesure où il s’est inscrit dans la logique de passer le témoin à une nouvelle génération.

Le Président Bédié n’est plus. Quant au Président Laurent Gbagbo, d’abord, son absence sur la liste électorale rend difficile sa situation, ensuite, ses propos laissent croire qu’il a tourné la page de la présidentielle. Je pense qu’il est possible dans le cadre d’une entente entre houphouëtistes de remporter la présidentielle de 2025, avec pour candidat, un cadre du PDCI.

Propos recueillis par : Benoît Kadjo

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